L'importance des jardins respectueux du climat

Pourquoi des jardins respectueux du climat ?

1. Gestion de l'eau et prévention de la sécheresse : les jardins à l'épreuve du climat préviennent les inondations en cas de fortes pluies en retenant mieux l'eau de pluie grâce à des éléments verts tels que des plantes, des fossés et des étangs. Ils contribuent également à réduire la sécheresse en limitant les surfaces pavées et en améliorant la qualité du sol.
2. Tempérer la chaleur urbaine : les surfaces pavées dans les villes créent l'effet d'îlot de chaleur. Les jardins respectueux du climat, riches en végétation, rafraîchissent grâce à l'ombre et à l'évaporation. Par exemple, il peut facilement faire 6 degrés de moins à l'ombre des arbres que sur une terrasse pavée.
3. Augmentation de la biodiversité : les plantes indigènes et les bordures fleuries attirent les pollinisateurs tels que les abeilles, les bourdons et les papillons, ce qui augmente la biodiversité. Cela permet de maintenir les écosystèmes en bonne santé et de renforcer la connectivité de la faune et de la flore dans les zones urbanisées.
4. Stockage de CO2 et atténuation du changement climatique : bien que les jardins privés stockent relativement peu de CO2, ils peuvent tout de même y contribuer (estimation de 6 % de la réduction totale de CO2 en Flandre), principalement grâce à la carbonatation du sol et à l'absorption du CO2 par les plantes.
5. Coûts d'entretien réduits et pratiques de jardinage durables : les jardins respectueux du climat nécessitent souvent peu d'entretien parce qu'ils se composent de plantes robustes et adaptées qui requièrent moins d'eau et de pesticides.

En outre, ces jardins sont un moyen tangible et direct pour les citoyens de participer à l'adaptation au climat en végétalisant leur environnement, ce qui participe en outre à la qualité de vie. D'un point de vue politique, notre pays doit encore créer un cadre cohérent et encourager une contribution optimale des jardins privés aux réseaux vert-bleu à l'aide de divers outils, afin d'aboutir à une situation où les jardins ne sont pas isolés mais reliés aux espaces publics et naturels.

Quatre qualités de base

Pour les professionnels des jardins, tels que les entrepreneurs, les paysagistes et les jardiniers, il est essentiel de bien comprendre les aspects de la conception, de l'aménagement et de la gestion qui constituent un jardin respectueux du climat. Quels sont donc les caractéristiques clés, les principes et les recommandations pratiques des jardins respectueux du climat ? Un jardin respectueux du climat possède quatre qualités fondamentales qui minimisent l'impact sur le climat et maximisent les avantages écologiques :

1. Réservoir de carbone : un jardin respectueux du climat contribue à la rétention du carbone, en particulier dans le sol. Il est essentiel de réduire au minimum les perturbations du sol telles que le bêchage et le labourage, car ce processus introduit de l'oxygène dans le sol, stimulant ainsi la décomposition de la matière organique, ce qui entraîne des émissions de CO2. Les prairies, par exemple, peuvent stocker entre 0,5 et 1 tonne de carbone par hectare et par an, mais le labourage peut libérer jusqu'à deux fois plus de carbone. Il est donc essentiel de laisser les sols tranquilles autant que possible et d'éviter de les labourer ou de les creuser régulièrement, que ce soit dans les pelouses ou les potagers.
2. Tampon hydrique : le changement climatique entraîne des conditions extrêmes, allant de fortes pluies à des sécheresses prolongées. Un jardin respectueux du climat retient efficacement l'eau de pluie, lui permet de s'infiltrer dans le sol et utilise des techniques telles que les oueds, la collecte de l'eau de pluie (citernes, réservoirs d'eau) et la limitation des revêtements durs pour prévenir les inondations. L'eau de pluie est ainsi réutilisée pour arroser le jardin, ce qui réduit la pression sur le réseau d'eau potable.
3. Refroidissement : les arbres et les plantes jouent un rôle majeur dans le refroidissement de l'environnement grâce à l'ombre et à l'évaporation. La plantation d'arbres d'ombrage devient de plus en plus importante pour contrer les vagues de chaleur, car ils absorbent la chaleur et abaissent la température ambiante. Les surfaces vertes refroidissent également l'environnement par évaporation et réduisent l'effet d'îlot de chaleur urbain.
4. Refuge : le jardin doit être un "refuge" pour les espèces impactées par le changement climatique. Les plantes indigènes et les plantes néo-indigènes bien adaptées contribuent à la résilience climatique et à la biodiversité. La végétation spontanée et une plus grande diversité d'espèces améliorent les fonctions écologiques et apportent de l'aide aux insectes et oiseaux menacés.

Principes de conception et d'aménagement

1. Respect du sol : laissez le sol en paix autant que possible. Évitez le compactage du sol en évitant les machines lourdes, en particulier lors de l'aménagement paysager. Les sols compactés entravent l'infiltration de l'eau, la croissance des racines et la vie du sol. Évitez de fraiser, de creuser et d'effectuer d'autres travaux intensifs dans le sol. Utilisez des couvertures végétales pour réduire l'évaporation et reconstituer la matière organique. Les paillis organiques contribuent également au piégeage du carbone et à la vie du sol.
2. Pavage minimal et matériaux perméables : réduisez autant que possible les surfaces dures ; lorsque le pavage est inévitable, utilisez des matériaux perméables (tels que le béton poreux ou les chemins de gravier) et prévoyez un drainage vers les espaces verts ou les oueds.
3. Gestion de l'eau intégrée : concevez des jardins avec des systèmes de collecte et d'infiltration des eaux de pluie. Utilisez des tonneaux de pluie, des caissons d'infiltration et plantez des espaces verts qui ralentissent l'eau et peuvent humidifier le sol pendant les périodes sèches.
4. Choix des plantes en fonction du climat : choisissez principalement des plantes résistantes au climat, de préférence des espèces indigènes ou néo-indigènes bien adaptées telles que la lavande, le romarin, les espèces de thym et le gamandre, qui résistent à la sécheresse mais peuvent également faire face à des périodes humides variables. La diversité des plantations renforce la résilience du jardin.
5. Arbres d'ombrage : plantez des arbres qui fournissent rapidement de l'ombre et qui sont adaptés au climat local. Entretenez soigneusement les arbres existants, car ils sont précieux pour le rafraîchissement et la biodiversité.
6. Aménagement paysager écologique : mettez en place des éléments naturels tels que des prairies fleuries, des haies et des biotopes humides afin d'encourager la biodiversité et de soutenir les écosystèmes. Évitez les pulvérisations excessives et utilisez des ennemis naturels pour lutter contre les parasites.
7. Entretien et gestion : favorisez des méthodes nécessitant peu d'entretien et n'affectant pas la structure du sol et la biodiversité. Adaptez la fertilisation aux principes écologiques et évitez les interventions intensives susceptibles de libérer du carbone.

Arbres d'ombrage

Les espèces d'arbres indigènes qui conviennent aux jardins belges et qui sont connues comme arbres d'ombrage sont les suivantes :

• Le hêtre (Fagus sylvatica) : il a un feuillage dense et est souvent utilisé comme grand arbre solitaire pour l'ombre.
• Le tilleul d'hiver (Tilia cordata) et le tilleul d'été (Tilia platyphyllos) : grands arbres avec une large canopée qui fournit de l'ombre naturelle.
• Chêne pédonculé (Quercus robur) et chêne sessile (Quercus petraea) : arbres de grande taille avec une couronne luxuriante qui fournit de l'ombre.
• Le charme (Carpinus betulus) peut être planté en haie ou en isolé et fournit un ombrage important.
• L'érable sycomore (Acer pseudoplatanus) : arbre à croissance rapide et à large feuillage, convenant comme arbre d'ombrage.
• Le saule blanc (Salix alba) et saule marsault (Salix caprea) : arbres plus grands avec des couronnes larges qui fournissent de l'ombre.
• Le pin sylvestre (Pinus sylvestris) : conifère qui peut également fournir de l'ombre, en particulier dans les jardins.

Espèces végétales indigènes

La plantation en étages (arbres, arbustes, herbes) est idéale pour créer des microclimats et encourager la biodiversité dans les jardins écologiques. Nous choisissons naturellement des plantes qui peuvent résister à des conditions climatiques changeantes telles que la sécheresse, la chaleur, le vent et les précipitations variables. Les espèces végétales doivent être adaptées aux conditions du sol (sable, argile, terreau, riche en humus) et de l'eau (sèche, humide, variable). Cela permet d'éviter le stress des plantes et de renforcer l'écosystème. Le choix de haies au lieu de murs en béton ou en briques contribue également à atteindre l'objectif. Quelques exemples :

• Plantes vivaces et couvre-sol : achillée millefeuille  (Achillea millefolium), digitale pourpre (Digitalis purpurea), cardère sauvage (Dipsacus fullonum), lamier jaune (Lamium galeobdolon), aspérule odorante (Galium odoratum), épiaire officinale (Betonica officinalis), eupatoire pourpre (Eutrochium purpureum).
• Graminées et herbes ornementales : fétuque (Festuca), laîche jaunâtre (Carex flava), Solidage verge d'or (Solidago virgaurea).
• Espèces à fleurs : pâquerette (Bellis perennis), échinacée, marguerite sauvage.
• Plantes aquatiques pour les endroits humides : roseaux, iris, nénuphars.
• Haies : Aubépine (Crataegus monogyna ou Crataegus laevigata), prunellier (Prunus spinosa), noisetier (Corylus avellana), viorne obier (Viburnum opulus), troène sauvage (Ligustrum vulgare), cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), houx (Ilex aquifolium - persistant), érable champêtre (Acer campestre), if (Taxus baccata - persistant), églantier (Rosa canina), hérisson (Rosa rubiginosa), fusain d'Europe (Euonymus europaeus) et bourdaine(Frangula alnus). Privilégiez les haies mixtes. Une haie naturelle se compose idéalement d'un mélange d'au moins cinq espèces indigènes, dont la plupart fournissent des baies, du pollen ou du nectar. La haie devient ainsi un lieu de refuge et d'alimentation pour de nombreux animaux et offre une meilleure résistance au climat. Une bonne combinaison prévient également les maladies et les parasites. Placez également les haies sans grillage afin que les petits mammifères puissent se déplacer librement.

Moins d'eau

Les avantages de toutes ces plantes indigènes sont notamment une moindre consommation d'eau grâce à des systèmes racinaires profonds, des besoins d'entretien minimes, le soutien des insectes locaux et la contribution à un écosystème résilient. Elles sont résistantes aux parasites locaux et aux conditions climatiques changeantes parce qu'elles ont évolué avec l'environnement local.

(*) L'atténuation consiste à contrer ou à réduire le changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre tels que le CO2. Il s'agit de mesures qui s'attaquent à la cause du changement climatique, par exemple en économisant l'énergie, en passant aux énergies renouvelables, en préservant les forêts, en reboisant et en aménageant des jardins respectueux du climat. L'atténuation du changement climatique vise donc à limiter l'ampleur ou le rythme du réchauffement de la planète.