Le système naturel comme boussole pour la conception et l'aménagement du territoire
Éléments naturels et sociaux
"Une bonne conception à l'épreuve du climat s'appuie sur les éléments naturels et les renforce", affirme Mme Reekmans. "Souvent, lorsque nous pensons aux systèmes naturels, nous pensons à l'écologie. La gestion de l'eau, la biodiversité et le choix des plantations jouent évidemment un rôle dans la résilience climatique. Mais le paysage social est également important. Chaque lieu a une histoire et offre des possibilités de développement futur. Par conséquent, nous devons réfléchir consciemment à qui nous voulons offrir un lieu à l'avenir".
Elle souligne l'impact de la gentrification : avec la revalorisation de certains quartiers de la ville, les habitants d'origine risquent d'en être exclus. "Le réflexe paysager signifie également que nous devons réfléchir aux bénéficiaires d'un lieu réaménagé."
Quatre piliers pour une conception résiliente au climat
Pour aligner le développement spatial sur les systèmes naturels et sociaux, VK architects + engineers utilise un cadre qui agit comme une boussole. Mme Reekmans explique passe en revue les quatre piliers qui le compose :
Débétonisation et matériaux perméables
"L'infiltration et le stockage de l'eau sont essentiels. Nous devons débétonner et travailler avec des matériaux qui laissent passer l'eau pour mieux faire face aux inondations et aux sécheresses".
Densification et utilisation multifonctionnelle de l'espace
"Comment exploiter plus intelligemment les espaces existants afin de ne pas avoir besoin d'un pavage supplémentaire ? La densification ne signifie pas nécessairement plus de bâtiments, mais surtout une conception multifonctionnelle."
Écologisation et réflexion écocentrique
"Nous devons rétablir l'équilibre entre la nature et l'espace occupé par l'homme. Pendant trop longtemps, nous avons essayé de contrôler la nature. Aujourd'hui, nous devons coopérer avec la nature au lieu de la dominer."
Intégration socio-écologique
"Un lieu a un tissu social. Nous impliquons les habitants et les parties prenantes dans la conception de projets à l'épreuve du climat. C'est ainsi que nous développons des solutions qui répondent aux besoins locaux, dans les limites de la planète."
Nous ne devons plus considérer les écosystèmes comme des éléments à exploiter, mais comme des éléments que nous devons protéger, même si cela affecte nos intérêts économiques.
Restaurer et renforcer les systèmes naturels
Un développement résilient au changement climatique nécessite une bonne compréhension du fonctionnement du paysage. "Nous devons examiner les caractéristiques originales du paysage et les restaurer", explique Mme Reekmans. "Cela nécessite une coopération entre les écologistes, les experts en eau et les experts en sols. En renforçant les écosystèmes naturels, nous créons des habitats résistants."
Elle préconise de passer à une réflexion écocentrique : "La nature doit avoir son mot à dire dans nos prises de décision. Nous ne devons plus considérer les écosystèmes comme des éléments à exploiter, mais comme des éléments que nous devons protéger, même si cela affecte nos intérêts économiques."
La connexion comme point de départ
Pour promouvoir la résilience climatique, il est nécessaire d'établir des liens étroits entre les zones naturelles. "Les zones vertes fragmentées doivent être reliées par des corridors et des cours d'eau ouverts", explique Mme Reekmans. "Dans les villes, les toits verts, les façades vertes et les revêtements perméables peuvent être utiles. La présence d'un plus grand nombre d'arbres dans les rues permet de rafraîchir l'air et de donner de l'espace aux flux d'eau afin d'éviter les inondations." Elle souligne également le rôle de l'agriculture régénératrice dans son discours : "Une flore plus variée augmente la biodiversité et aide la nature à s'adapter au changement climatique."
Un avenir durable exige des conceptions dans lesquelles la nature et la société se renforcent mutuellement. "La cohésion sociale et le renforcement des communautés doivent être intégrés dans l'aménagement du territoire. Pensez aux jardins de quartier, aux places vertes et aux bâtiments multifonctionnels", explique Mme Reekmans. "Pour ce faire, nous devons mettre en place des processus participatifs au cours desquels les habitants réfléchissent activement à leur environnement."
La voix de la nature
Enfin, Mme Reekmans plaide en faveur d'un changement fondamental de mentalité. "Le développement régénératif va au-delà de l'amélioration de notre système actuel. Nous devons non seulement respecter la nature, mais aussi la renforcer activement. Dans certains endroits, un écosystème est déjà reconnu comme une entité juridique. C'est peut-être cela l'avenir : un monde où nous nous échangeons littéralement avec la nature et où nous prenons ses intérêts au sérieux."
Source : Departement Omgeving (service environnement)